Guillaume a eu l’opportunité d’échanger avec Jérémy Belain, ex-DRH France chez Deliveroo.
Lorsqu’il rejoint l’aventure en juillet 2017, Deliveroo, dont le siège est à Londres, ne dépasse pas 300 personnes dans le monde En France, ils sont moins de 50. Sans réel département RH au niveau local. Résultat : en 2023, Deliveroo regroupe 4000 personnes. Dont environ 300 dans l’hexagone.
Nous sommes donc très heureux de vous partager une telle expérience !
Bonne lecture,
Salut Jeremy ! Peux-tu nous parler rapidement de ton parcours ?
J’ai débuté dans l’environnement des ressources humaines un peu par hasard, dans un cabinet de conseil spécialisé en informatique et en technologie où il y avait beaucoup de turn-over, où le recrutement rapide était primordial et où l’attractivité des Talents étaient déjà un enjeu critique. J'ai beaucoup appris sur les stratégies de recrutement et de rétention des talents.
Au fur et à mesure de mes expériences, j’ai eu l’opportunité de pouvoir travailler sur tous les aspects de la fonction RH : formation, gestion de carrière, politique de rémunération, relations sociales, etc. au sein d’entreprises en croissance, en décroissance ou en transformation. Cela m'a permis d'acquérir des compétences et des connaissances à 360 du métier.
J'ai appris que la valeur ajoutée de la fonction se fait en étroite collaboration avec le “business”, autrement dit de pouvoir proposer les politiques RH au bon endroit, au bon moment avec et pour les “bonnes” personnes pour qu’elles soient en accord avec la stratégie de la société et son ambition ; tout en apportant une certaine dose d'innovation qui permet de se différencier.
En rejoignant Deliveroo, j'ai été attiré par l'idée de tout construire quasiment depuis le début. J’ai été tenté par l’opportunité de pouvoir construire avec les dirigeants et managers une culture d’entreprise et des valeurs qui allaient me correspondre.
Lorsque tu as rejoint Deliveroo, l'entreprise était déjà en pleine croissance ?
Absolument. J'ai rejoint Deliveroo deux ans après son lancement et la société avait déjà ouvert une dizaine de marchés dans le monde, y compris en Asie et en Australie. Nous étions en train de tester différents pays et la France était l'un de nos marchés avec le plus de potentiel, mais nous étions encore au début de notre croissance. C'est un marché qui est devenu très vite fortement concurrentiel et avec des enjeux financiers très importants.
Cela signifiait que nous devions avant tout recruter rapidement et efficacement, tout en ayant une approche “retour sur investissement” quasi immédiate. Dans un environnement légal et administratif RH qui peut demander du temps à appréhender et exécuter, avoir un impact immédiat et construire des politiques à valeur ajoutée étaient un challenge de tous les jours. J’ai eu la chance d’avoir été très bien entouré et d’avoir eu des leaders et une équipe avec qui nous partagions une vision commune.
Quelle est la première chose que tu as faite, en arrivant chez Deliveroo ?
Lorsque j'ai rejoint Deliveroo, j'ai commencé par créer une roadmap claire et ambitieuse. Cette roadmap représentait ma stratégie globale et les objectifs à atteindre. Bien qu'il y ait eu des incertitudes sur la réussite des tous les objectifs, l'important à mon sens était de donner une vision, une ambition et un sens à la fonction RH.
Pour la réalisation, j'ai divisé ma roadmap en plusieurs étapes sur plusieurs mois avec des échéances d'indicateurs quantitatifs et qualitatifs à atteindre mais surtout dont la responsabilité n’appartenait pas entièrement aux RH. Cette méthode d’OKRs (Objectifs and Key Results) nous a permis de régulièrement voir ce qui fonctionnait ou pas, pourquoi et donc d’adapter en conséquence.
Tout au long de ma carrière, quelque soit l’environnement, j’ai toujours essayé d’appliquer cette méthodologie en mettant l'accent sur la validation et le partage des objectifs avec mon équipe et les principaux leaders/managers et en utilisant des indicateurs de performances clairs pour mesurer les succès (et échecs).
L'avantage chez Deliveroo : j'ai pu bénéficier d'une certaine flexibilité. Si quelque chose ne fonctionnait pas, je pouvais essayer de nouvelles choses, ou bien revoir/adapter les stratégies. Cette flexibilité de “test & learn” était, honnêtement, une chance, qui n’existe pas partout, et a permis de constamment se remettre en question et évoluer en tant que société, mais aussi en tant qu'individu et équipe.
J'ai vu que Deliveroo a remporté la certification "Great Place to Work" en 2019. Peux-tu m’en parler ?
J’ai mentionné que j’avais mis en place une roadmap avec une vision commune. Ainsi, obtenir la certification Great Place to Work était un aboutissement important de la stratégie et du sens donné à toutes les actions RH mises en place.
Il y a eu un travail de fond très important, mais surtout un très fort engagement de l’ensemble des collaborateurs sur ce projet. Nous avons mis en place plusieurs groupes de travail pour clarifier, adapter, faire évoluer, améliorer l’ensemble des process RH.
Ce travail d'introspection, de prise de recul et d’esprit critique, seulement après 3 ans d’existence et toujours dans un environnement où tout se fait et défait à une vitesse incroyable, a été un vrai challenge ! Mais j’y croyais et nous avons fait en sorte que tout le monde y croit et soit réuni autour d’un objectif commun !
Notre démarche a porté ses fruits et nous avons remporté la certification Great Place to Work en 2019. 1ère Start-up aussi jeune de moins de 100 salariés à avoir remporté ce trophée ! Cette récompense a clairement renforcé notre culture interne, amélioré nos process, consolidé notre stratégie et a eu un effet très positif sur notre marque employeur externe. Il y a clairement eu un avant/après en termes de nombre de candidatures entrantes !
Un grand merci, Jérémy 🎉